Et vous ? Qu’avez-vous lu cette année ?

Article : Et vous ? Qu’avez-vous lu cette année ?
Crédit: L Comme Lecture
29 décembre 2021

Et vous ? Qu’avez-vous lu cette année ?

C’est la fin de l’année et donc l’heure des bilans. Avez-vous atteint vos objectifs ? Qu’aimeriez-vous améliorer ? Quels sont les objectifs que vous vous fixez pour la nouvelle année ? En ce qui me concerne, il y a un invariant sur ma liste depuis plusieurs années : lire davantage. Oubliez un instant cette liste de nouvelles résolutions que vous ne tiendrez pas (comme moi avec le sport) et résumons ensemble 2021 en livres.

Découvertes et confirmations

J’ai terminé l’année 2020 avec Verre cassé d’Alain Mabanckou. Le choix de l’auteur de ne pas utiliser de point m’avait longtemps rebutée. Comment pouvait-on respirer entre deux phrases, deux idées? J’ai changé d’avis après qu’une très bonne amie me l’ait offert. Je vous rassure tout de suite, on ne respire pas entre deux phrases, on suffoque de rire. J’ai apprécié le ton extrêmement drôle avec lequel l’auteur dépeint ces portraits extrêmement tristes, reflets d’une société en décadence. Je termine cette année avec Le sanglot de l’homme noir. Cette fois-ci, l’auteur se défait de son ton plaisantin, enfin partiellement, pour aborder la délicate question du poids de l’identité. Parlant de ce sujet, Les identités meurtrières d’Amin Maalouf est un essai puissant à lire et à relire autant que faire se peut. Écrit au XXème siècle, il est plus que d’actualité.

Couvertures de livres
© L Comme Lecture

Entretemps, j’ai eu le plaisir de lire quelques autres livres d’Alain Mabanckou notamment African Psycho, Petit Piment et Mémoires de Porc-épic. Des auteurs tels que lui et Mohamed Mbougar Sarr m’ont définitivement réconciliée avec la littérature contemporaine.

J’ai découvert ce dernier en lisant Terre ceinte en début d’année. J’ai rapidement enchaîné avec De purs hommes que j’ai trouvé particulièrement courageux. Quant au désormais célèbre roman La plus secrète mémoire des hommes, je ne m’aventurerai pas à vous donner mon avis. Parce que comme le dit Mohamed Mbougar Sarr “Un grand livre ne parle jamais de rien, et pourtant tout y est.” . Et La plus secrète mémoire des hommes est un grand livre.

Romans historiques

J’ai été bouleversée par la lecture l’année dernière du livre Dans le nu de la vie de Jean Hatzfeld. Premier ouvrage d’une trilogie sur le génocide des Tutsis au Rwanda, il donne la parole à des rescapés tutsis. J’ai poursuivi ma lecture cette année avec Une saison de machettes où l’auteur fait le choix symbolique de donner la parole aux tueurs. Le troisième ouvrage, La stratégie des antilopes, évoque quant à lui la cohabitation des deux ethnies après ces événements dramatiques. Dans le registre des lectures difficiles, je pensais que la palme reviendrait aux récits de Jean Hatzfeld. Mais c’était avant de tomber sur Ma mère m’a tué d’Albert  Nsengimana, autre récit bouleversant sur le génocide au Rwanda. 

Couverture de livre
© L Comme Lecture

Parlant de conflit, je suis tombée presque par hasard sur un livre d’Elias Sanbar, La Palestine expliquée à tout le monde. Mon avis est que plus on se documente sur le conflit israelo-palestinien, plus on est pessimiste à l’idée qu’il existe une solution.

Les romans historiques ont toujours eu une place privilégiée dans ma bibliothèque. Cela s’est confirmé avec les deux tomes de Ségou de Maryse Condé. Si vous n’avez jamais lu cette auteure, je vous recommande de commencer par Le cœur à rire et à pleurer. Restons aux Antilles pour que je vous parle de La rue Cases-Nègres de Joseph Zobel. Ne me dites pas que vous avez vu le film. Lisez ce récit autobiographique pour comprendre, si cela est possible, ce que c’est qu’être un enfant noir dans les plantations de canne à sucre en Martinique. 

J’ai continué cette année encore mes lectures sur la question de la race. Les écrits de Jean Toomer et  James Baldwin respectivement avec Canne et La prochaine fois le feu forcent l’admiration. J’ai eu une impression de déjà lu avec Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire.

Couvertures de livres dans une bibliothèque
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Lectures sur le féminisme

Nous sommes tous des féministes est un discours de Chimamanda Ngozi Adichie qui vaut la peine d’être lu, quel que soit votre avis sur le féminisme. Et si vous le pouvez, lisez-le en version originale, We Should All Be Feminists. J’aime beaucoup son écriture incisive et presque sans filtre. Après l’hibiscus pourpre l’année dernière, j’ai continué ma découverte de cette auteure avec Americanah et j’ai déjà rajouté L’autre moitié du soleil à mes prochaines lectures. 

Encore une fois, quel que soit votre avis sur le féminisme, je vous recommande fortement Une chambre à soi de Virginia Woolf ainsi que Femme, réveille-toi de Olympe de Gouges.

Couvertures de livres
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Les inclassables

L’insoutenable légèreté de l’être de Milan Kundera est un roman dont la lecture, l’année dernière, m’a laissé perplexe et surtout très intriguée par le style de l’auteur. J’ai donc enchaîné avec Risibles amours que je mets aisément dans mon top 3 des meilleures lectures de cette année. J’ai continué avec L’identité et le moins que je puisse dire, c’est que Milan Kundera est un auteur complexe. 

Parlant d’auteur complexe, j’ai lu : Où allons-nous ? de Georges Bernanos Si vous l’avez déjà lu, vous conviendrez avec moi que Bernanos est aussi un auteur complexe. 

Le rivage des Syrtes de Julien Gracq végète dans ma Pile à lire (PAL) depuis plusieurs années. Allez comprendre pourquoi. Cela dit, cette année, j’ai pris la peine de lire son pamphlet, La littérature à l’estomac. On comprend mieux pourquoi il a refusé le prix Goncourt! 

Dans le registre des livres qui feront peut-être l’objet d’une relecture, je note, L’existentialisme est un humanisme de Jean-Paul Sartre, Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke et L’art de la guerre de Sun Tzu.

Les interdits

Connaissez-vous l’index librorum prohibitorum? Il s’agit d’un catalogue de livres interdits par l’Eglise catholique. Cet index n’a plus valeur de censure depuis 1966 mais reste un “guide moral”. André Gide y figure pour l’ensemble de son œuvre. Mais vous n’y verrez pas les œuvres du Marquis de Sade ni de Nietzsche. En réalité, ces auteurs athées sont ipso facto interdits. Il n’en fallait pas plus pour susciter ma curiosité. Le livre du Marquis de Sade, Les Cent Vingt Journées de Sodome, est resté dans ma PAL mais j’ai pu lire La généalogie de la morale de Nietzsche. Quoi qu’on puisse penser de lui, c’est un auteur brillant dont les idées sont savamment construites. Mais avant d’envoyer valser la morale et vous proclamer disciple de Nietzsche, gardez à l’esprit que ce dernier est mort de la syphilis !

À propos de scandale en littérature, L’amant de Lady Chatterley de DH Lawrence a fait sensation à sa sortie en 1928. Pour ma part, les parties de jambes en l’air d’une aristocrate coincée et d’un roturier ne m’ont pas laissé grande impression.  

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Quelques déceptions

Ne cherchez pas à comprendre pourquoi, mais ce n’est qu’en avril dernier que j’ai lu Le petit prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Autant ce classique m’a émerveillé, autant Le choix de Sophie, un autre classique que je tenais absolument à lire, m’a quelque peu déçue. Alors, l’histoire est bien triste comme on peut s’y attendre quand il s’agit d’un livre qui parle entre autres de la deuxième guerre mondiale. Mais pour autant, William Styron avait-il besoin de l’étaler sur plus de 500 pages? J’en doute.

Après Un Dieu et des mœurs de ELGAS, j’étais surexcitée à la parution d’un nouveau livre du même auteur. Peut-être parce que je l’attendais trop, peut-être parce que je le découvre dans un autre registre avec Mâle noir, peut-être parce que Un Dieu et des mœurs était extraordinaire, je suis restée quelque peu sur ma faim.

Bon, je n’ai rien à dire de bienveillant sur La bienveillance est une arme absolue de Didier Van Cauwelaert donc passons.

Je voulais Le pleurer-rire d’Henri Lopes. Je ne l’ai pas trouvé et je me suis rabattue sur son roman Sur l’autre rive. Il m’a fait la même impression que Bonjour Tristesse de Françoise Sagan qui aurait dû s’appeler Bonjour ennui. Cela dit c’est facile de critiquer un livre qu’une auteure a écrit quand elle n’avait que 18 ans quand on a pratiquement le double de cet âge et 0 publication à son actif.

Voilà, une année s’achève. Je n’ai pas lu autant de livres que je voudrais mais je ne me flagelle pas. Deuxième résolution invariante de ma liste chaque année: faire de mon mieux. Et vous ? Qu’avez vous lu cette année ?

Livres lus en 2021

– Les identités meurtrières d’ Amin Maalouf

– Une saison de machettes de Jean Hatzfeld

– La rue Cases-Nègres de Joseph Zobel

– La stratégie des antilopes de Jean Hatzfeld

– Terre ceinte de Mohamed Mbougar Sarr

– Le petit prince de Antoine de Saint-Exupéry 

– African Psycho de Alain Mabanckou

– L’art de la guerre de Sun Tzu

– De purs hommes de Mohamed Mbougar Sarr

– La littérature à l’estomac de Julien Gracq 

– Ségou Les murailles de la terre de Maryse Condé

– Ségou 2 La terre en miettes de Maryse Condé 

– L’amant de lady Chatterley de DH Lawrence

– Ma mère m’a tué de Albert  Nsengimana

– La généalogie de la morale de Nietzsche

–  Mâle noir de ELGAS

– Risibles amours de Milan Kundera

– Nous sommes tous des féministes de Chimamanda Ngozi Adichie 

– La bienveillance est une arme absolue de Didier Van Cauwelaert

– Petit Piment de Alain Mabanckou

– La Palestine expliquée à tout le monde de Elias Sanbar

– La prochaine fois le feu de James Baldwin 

– Le choix de Sophie de William Styron

– Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie

– Où allons-nous de Georges Bernanos

– Cahier d’un retour au pays natal

– L’identité de Milan Kundera

– L’existentialisme est un humanisme de Jean-Paul Sartre

– Femme, réveille-toi de Olympe de Gouges

– Canne de Jean Toomer

– Une chambre à soi de Virginia Woolf

– La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr

– La mort du roi Tsongor de Laurent Gaudé

– Mémoires de porc-épic de Alain Mabanckou

– Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke

– Sur l’autre rive de Henri Lopes

– Bonjour Tristesse de Françoise Sagan

– Le sanglot de l’homme noir de Alain Mabanckou 

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