«Martin Eden» de Jack London

Article : «Martin Eden» de Jack London
Crédit: L Comme Lecture
9 décembre 2022

«Martin Eden» de Jack London

“Et à l’instant où il sut, il cessa de savoir”

Excipit, Martin Eden de Jack London

Rarement un excipit n’a aussi bien résumé un roman. Martin Eden, c’est le genre de livre qu’on sait qu’on va relire dès qu’on le ferme. Le chef-d’œuvre de Jack London, écrit en 1909, n’a pas pris une ride. C’est à ça qu’on reconnait les classiques. L’histoire d’un marin pauvre qui s’éprend d’une jeune fille de la haute société et qui pour ses beaux yeux décide de se cultiver peut sembler banale de prime abord. Mais avec son génie, Jack London en fait un thriller psychologique qui impose au lecteur une réflexion sur la société, les conventions sociales, l’argent, l’amour, et bien d’autres questions fondamentales.

Dans la tête d’un écrivain

Pour trouver une place dans le monde dans lequel évolue la belle Ruth Morse, Martin Eden sait qu’il a besoin de s’instruire. Son gabarit est un atout seulement en mer. Dans les milieux bourgeois, l’intellect prime, du moins en apparence. De la poésie à la politique en passant par la biologie, l’anthropologie… il explore à travers les livres, tous les champs de culture. Galvanisé, il est convaincu qu’il peut passer la barrière. Il peut écrire, devenir un auteur à succès et par ricochet, le prétendant idéal. Il découvrira, au fil d’échecs et de revers, que le monde de la littérature est beaucoup plus périlleux que les aventures en haute mer.

La quête de reconnaissance dans le milieu littéraire de Martin Eden est presque angoissante pour le lecteur. Mais il a une telle rage de vaincre qu’on continue à y croire envers et contre tout au fil des pages. Quand la lumière jaillit enfin au bout du tunnel, son éclat révèle tout ce qui se cache réellement sous le vernis bourgeois. La désillusion est encore plus amère.

Un récit autobiographique ?

Tout comme Martin Eden, Jack London n’a jamais abandonné son rêve de devenir écrivain. Il est l’auteur de plusieurs romans célèbres dont Croc-blanc et L’appel de la forêt. Mort à seulement 40 ans, il a écrit plus de 10 romans et pas moins de 200 nouvelles. Les circonstances quelque peu floues de son décès donnent matière à spéculation plusieurs décennies après. Pour beaucoup, il a donné à sa vie, la conclusion qu’il a écrite pour Martin Eden. Ok, je spoile un peu, mais Martin Eden est typiquement le genre de livre pour lequel il ne faut pas écrire d’avis de lecture. Aucun ne sera jamais à la hauteur et chaque lecteur vit une expérience différente avec ce livre. C’est peut-être pour ça qu’on a toujours envie de le relire.

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Commentaires

Tanguy Wera
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Tu sais donner envie de lire! Bravo, le seul tort de ce billet et de m'amener à devoir ajouter encore un volume à ma pile à lire!

reves
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Ce commentaire qui fait tant plaisir! :)