« Le cœur à rire et à pleurer », de Maryse Condé

Article : « Le cœur à rire et à pleurer », de Maryse Condé
Crédit: L Comme Lecture
16 juillet 2021

« Le cœur à rire et à pleurer », de Maryse Condé

J’affectionne particulièrement les histoires narrées du point de vue d’un enfant. C’est généralement sans fioritures et sublimé par le regard innocent sur le monde que seuls les enfants peuvent avoir. Alors quand j’ai vu souvenirs de mon enfance sur la couverture de « Le cœur à rire et à pleurer » de Maryse Condé, l’auteure du remarquable roman historique « Ségou », j’ai su que je prendrai du plaisir à le lire.

Dans la Guadeloupe des années 50, la jeune Maryse a apparemment tout pour être une enfant heureuse. De bonnes notes à l’école, des parents qui subviennent à ses besoins, des frères et sœurs, une meilleure amie Yvelise et quelques camarades de jeu. Ses parents très fiers de leur statut de fonctionnaires interdisent l’usage du créole à la maison. Ils s’emploient à lui inculquer les « bonnes manières » et lui font découvrir les classiques de la littérature française. La petite Maryse est donc très surprise que pendant des vacances en métropole, un serveur les complimente parce qu’ils s’expriment bien en français. Son frère Sandrino lui dira plus tard : « Papa et maman sont une paire d’aliénés ». Elle ne comprenait pas ce mot. Mais au ton de son frère, elle se disait bien que c’était quelque chose de honteux que d’être aliéné.

« Peau noire, masque blanc »

On découvre au fil des épisodes comment Maryse prend conscience de la réalité sociale de sa Guadeloupe natale. En découvrant « La rue Cases-Nègres » de Joseph Zobel, elle dira : « Pour moi, toute cette histoire était parfaitement exotique, surréaliste. D’un seul coup tombait sur mes épaules le poids de l’esclavage, de la Traite, de l’oppression coloniale, de l’exploitation de l’homme par l’homme, des préjugés de couleur dont personne, à part quelquefois Sandrino, ne me parlait jamais. (…) Alors j’ai compris que le milieu auquel j’appartenais n’avait rien de rien à offrir et j’ai commencé de la prendre en grippe. A cause de lui, j’étais sans saveur ni parfum, un mauvais décalque des petits Français que je côtoyais. J’étais « peau noire masque blanc », et c’est pour moi que Frantz Fanon allait écrire ».

Avec son remarquable parcours scolaire, Maryse obtient une bourse pour poursuivre ses études en métropole. Son jugement très sévère sur ses parents, en particulier envers sa mère dont elle dira qu’elle était aussi dure avec les autres qu’avec elle-même, s’adoucira quelque peu au fil des épreuves que la vie lui imposera. 

Le cœur à rire et à pleurer de Maryse Condé est une autobiographie touchante de vérité et de simplicité. Scindé en plusieurs chapitres indépendants, ce récit relativement court questionne sur des thématiques essentielles telles que la race, la famille ou encore l’éducation. J’en suis ressortie avec la résolution de lire plus d’auteurs antillais. Je me suis empressée de commencer par La Rue Cases-Nègres, là encore un récit du point de vue d’un enfant avec pour décors les tristement célèbres plantations de canne à sucre antillaises où l’homme a asservi l’homme. Chronique à venir…

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Commentaires

Sophie
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Intéressant! ça donne envie de lire :)