Littérature : «Terre Ceinte», de Mohamed Mbougar Sarr

Article : Littérature : «Terre Ceinte», de Mohamed Mbougar Sarr
Crédit: L Comme Lecture
13 août 2021

Littérature : «Terre Ceinte», de Mohamed Mbougar Sarr

Dans quelques jours, le 19 août plus précisément, paraitra La plus secrète mémoire des hommes, le dernier roman de l’auteur sénégalais Mohamed Mbougar Sarr. C’est l’occasion pour moi de vous livrer mon avis sur Terre Ceinte, le tout premier roman qu’il a publié et par lequel j’ai découvert cette plume exceptionnelle.

La violence des premières pages du roman peut vous rebuter. Il s’agit de l’exécution de deux jeunes gens qui ont eu le malheur d’entretenir une relation amoureuse. Dans la ville imaginaire de Kalep, sous l’emprise d’islamistes radicaux, ce crime est puni de mort. La sentence est exécutée devant un public à la fois fasciné et terrifié. Depuis que les islamistes ont pris le pouvoir dans cette ville, tout n’est que laideur et violence. Accablés par le flot d’interdits qu’imposent les islamistes, les habitants vivent au quotidien dans la peur et la méfiance. À l’hôpital, en plus des traditionnels malades, l’équipe médicale doit faire face un nombre sans cesse croissant d’amputés et de flagellés. C’est le prix à payer pour que Kalep soit une « terre sainte ».

Un récit angoissant loin d’être imaginaire

Dans cette atmosphère étouffante, la vie va cependant continuer. Tout le monde ne se résigne pas. Un groupe de sept personnes va tout de même réussir à constituer une résistance. À travers le journal « le Rambaaj » (anagramme de jaambar qui veut dire guerrier en wolof), ces soldats de la liberté veulent informer la population pour combattre l’islamisme radical. Si vous deviez vivre dans cette atmosphère de violence au quotidien quel camp choisirez-vous ? Seriez-vous aux cotés des résistants ou des résignés ? C’est une question qu’on ne peut s’empêcher de se poser au fil des pages. L’auteur interroge également sur les notions de courage, de lâcheté, de peur d’héroïsme, de responsabilité et de vérité.

Avec un flot de personnages qu’on a parfois du mal à associer et des scènes d’horreur décrites par le menu détail, la lecture de ce roman a quelque chose d’angoissant surtout quand on se rappelle que ce que décrit l’auteur n’a rien d’imaginaire. Mais le récit éminemment bien construit est totalement captivant. Comme les habitants de Kalep, j’ai gardé espoir que les barbares s’en iront. À travers leurs échanges épistolaires, j’ai partagé la douleur et la résilience des mères dont les enfants ont été exécutés au nom d’Allah.

Si vous n’avez jamais lu Mohamed Mbougar Sarr, je vous recommande de commencer avec Terre Ceinte. Plusieurs fois primé, ce roman est également disponible en anglais.

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