“L’hibiscus pourpre” de Chimamanda Ngozi Adichie

Article : “L’hibiscus pourpre” de Chimamanda Ngozi Adichie
Crédit: Georges Attino
11 mars 2022

“L’hibiscus pourpre” de Chimamanda Ngozi Adichie

Première œuvre majeure de l’auteure nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, l’hibiscus pourpre a l’âpreté des premiers romans. On y suit les traces de Kambili, une jeune adolescente nigériane de 15 ans au sein d’une famille qui a tout pour être heureuse, du moins en apparence.


Le désir de liberté face au fanatisme de la religion

La narration est lente, presque ennuyeuse au début du roman. Peut-être est-ce à cause du caractère de la narratrice ou de l’ambiance qu’on devine très pesante. En effet, dans sa luxueuse maison d’Enugu au Nigeria, Eugène, est à la fois un homme d’affaires accompli, un pilier au sein de sa communauté et un père de famille irascible. Il dicte ses volontés et ne tolère aucune incartade ni de la part de sa femme, ni de celle de ses enfants. Dans cette ambiance alourdie par le fanatisme religieux, Kambili est une adolescente presque effacée.

Mais à la suite d’une grève qui la contraint, elle et son frère Jaja à vivre temporairement chez tante Ifeoma, les deux jeunes gens découvrent une autre version de la famille. Celle-ci est joyeuse, libérée. Chacun peut s’exprimer librement sans risques de représailles. On peut rire aux éclats sans craindre un regard courroucé. Comment Kambili et Jaja réintègreront le quotidien rigide et austère de la luxueuse résidence d’Enugu? Ce vent de liberté dont ils s’éprennent dans le jardin de tante Ifeoma saura-t-il résister à à l’éducation chrétienne rigoriste à laquelle leur père semble si attaché?


Une figure paternelle ambivalente

Chimamanda Ngozi Adichie a réussi dans ce premier roman à construire des personnages remarquables. Celui du père de famille Eugène est de ceux qui ont particulièrement retenu mon attention. D’un côté, il y a le notable respectable, chef d’entreprise accompli, membre généreux au sein de son église. Et puis il y a le fanatique religieux dont la parole ne doit souffrir d’aucune contestation, qui n’hésite pas à battre femme et enfants à la moindre occasion. Les deux aspects de cette personnalité, la narratrice Kambili les connaît. Mais cela ne l’empêche pas de vouer à son père une admiration sans bornes.

Sur fond de la situation de crise du Nigeria des années 80, l’auteure nigériane met en évidence entre autres thèmes, la complexité de la structure familiale. Preuve s’il en est encore que « Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon. » comme le pensait déjà Tolstoï il y a quelques décennies.


On a du mal à rentrer dans l’histoire que raconte L’hibiscus pourpre. Le rythme du récit est presque ennuyeux et on met du temps à saisir le thème central. Mais ce roman met déjà en évidence le talent de l’auteure nigériane. Talent qui va notamment se confirmer par avec ses œuvres Americanah et L’autre moitié du soleil.

Couvertures de livres
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