« Le vieux qui lisait des romans d’amour » de Luis Sepulveda
Ne préjugez pas le chef-d’œuvre de Luis Sepulveda à son titre à l’eau de rose. Le vieux qui lisait des romans d’amour est un formidable conte écologique qui aborde plusieurs autres thèmes. Le récit est relativement court. Mais l’auteur réussit à captiver l’attention du lecteur dès les premières pages.
Un conte écologique au coeur de la forêt amazonienne
Les habitants de la ville d’El Idilio (l’idylle en francais), petite ville d’Amazonie, découvrent avec stupéfaction le cadavre d’un homme affreusement mutilé. Les spéculations vont bon train quant à l’origine des blessures. Beaucoup accusent les shuars, peuple vivant en communauté recluse dans la forêt amazonienne du meurtre. Seul le vieux Antonio José Bolivar voit juste. Il s’agit de la vengeance d’une maman jaguar dont le “gringo” a eu l’audace de tuer les petits. Après une deuxième victime, tout le monde s’en remet à la sagesse du vieux et sa connaissance de la forêt pour traquer le félin en colère.
Luis Sepulveda est un formidable conteur qui réussit à transmettre avec ses mots diverses émotions. On ressent au fil des pages la lourde atmosphère de la forêt pendant la traque du félin, sous la pluie, assailli par une nuée de moustiques tout en espérant ne pas croiser de crotale au venin mortel. Deux évènements ont marqué la vie du “vieux”: la découverte de l’Amazonie et celle de la lecture. Au final, c’est la lecture de ses romans d’amour qu’il choisit pour oublier “la barbarie des hommes”
Au-delà de l’opposition homme nature, admirablement décrite par Luis Sepulveda, on s’attache facilement au personnage de José Antonio Bolivar, le vieux qui lisait des romans d’amour. Il a suffisamment vécu pour avoir la sagesse de reconnaître que la cupidité des hommes met chaque jour un peu plus la planète en danger. Au soir de sa vie, son plus grand plaisir est de dévorer des romans d’amour, ceux qui font souffrir mais qui finissent bien.
« Il possédait l’antidote contre le redoutable venin de la vieillesse. Il savait lire. »
Publié en 1989 et plus que jamais d’actualité
Le décès de Luis Sepulveda, le 16 avril 2020 a rappelé au bon souvenir des lecteurs son premier roman. Le vieux qui lisait des romans d’amour lui a apporté une renommée internationale. De plus, avec la question écologique au cœur de tous les débats, c’est une lecture plus que jamais d’actualité. Plus qu’un roman, c’est un véritable plaidoyer pour le respect que l’homme doit à la nature. Le choix de la forêt amazonienne comme lieu de l’intrigue n’est pas anodin.
L’histoire raconte que Luis Sepulveda a achevé l’écriture de ce roman en 1988. En cette même année où a été assassiné son ami Chico Mendes, farouche défenseur de la forêt amazonienne. Il n’y avait pas meilleur moyen de lui rendre hommage.
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