« L’amour au temps du choléra », de Gabriel García Márquez

Trois ans après avoir reçu le prix Nobel, l’écrivain Gabriel García Márquez signe en 1985 ce chef d’œuvre de la littérature qui traverse le temps sans prendre une ride. L’amour au temps du choléra, ce n’est pas une énième histoire d’amour qui vous embue les yeux au fil des pages. C’est une histoire de détermination, de foi en l’amour et d’envie de vivre pleinement jusqu’à la fin. Quel est donc le rapport avec le choléra ? 

Le décor est planté dans une charmante ville des Caraïbes dont l’auteur a choisi de taire le nom. Il ne fait pas non plus état des dates exactes de certains évènements clés. On note seulement que l’histoire se déroule à la fin du XIXème siècle. Télégraphiste de condition modeste, Florentino Ariza tombe amoureux d’une charmante écolière, Fermina Daza.

Pendant trois ans, ils vivent dans la promesse d’un amour éternel. Mais la réalité de la vie prend le dessus sur l’enchantement amoureux. L’amour ne suffit pas, le rang social est tout aussi important, du moins d’après le père de Fermina. Celle-ci fait le choix de la raison en épousant le docteur Juvénal Urbino, jeune médecin à l’avenir prometteur. Pour Florentino, qui les regarde gravir les échelons de la réussite, c’est une amère désillusion. Mais son amour est si fort qu’il y croit comme au premier jour. Aucune de ses relations éphémères ne parviendra à le détourner de son objectif de vie, conquérir Fermina Daza. Pour cela, il se doit d’acquérir un nom et une fortune. Il est convaincu que l’amour, ce beau et noble sentiment, finira par triompher, même si cela doit prendre une cinquantaine d’années, plus précisément, cinquante-trois ans, sept mois, onze jours et onze nuits.

Pouvez-vous imaginer aimer si fort que cela affecte chaque fibre de votre corps ? Que cela se traduise par les violents symptômes du choléra ? 

Le choléra n’est pas au centre du roman de Gabriel Garcia Marquez. Mais cette épidémie en reste la trame. 

Pour comprendre pourquoi L’amour au temps du choléra est devenue cette œuvre intemporelle, ne vous contentez pas seulement de regarder l’adaptation cinématographique. C’est le fabuleux talent de conteur de l’auteur qui sublime le roman. Au fil des pages, on est transporté dans cette ville colorée, aux côtés du docteur Juvénal, combattant le choléra avec toutes les incertitudes autour de cette maladie au début du XXème siècle. La fierté de Fermina Daza qui traverse les épreuves et la routine conjugale, force l’admiration. Quant à Florentino, épris de ce mal incurable, on ne peut qu’espérer comme lui que l’amour, son amour impavide, triomphera.

Il n’y a que Gabriel García Márquez pour retenir l’attention du lecteur durant cinquante années. 

L’histoire s’achève avec les deux protagonistes sur un bateau de croisière flanqué du pavillon du choléra. Qu’est ce qui les empêche de débarquer ? Est-ce cet amour qui a survécu au temps ou la quarantaine qu’exige l’épidémie du choléra ?